Si elle ne passe tout simplement pas à la frappe, la négociation sur les 35 heures s‘avère très délicate. Car elle suppose que le patron et les salariés se mettent autour d’une table, ce qui n‘est pas une pratique courante dans les « très petites entreprises notariales ». Ces notaires employeurs vous expliquent que leur porte est toujours grande ouverte. Mais c’est une gestion sociale aux accents encore très paternalistes. Les problèmes se règlent plutôt bien, mais au cas par cas, et de gré à gré. Des tête-à-tête impossibles lorsqu’il s‘agit de repenser toute l’organisation du travail. Et c’est là que ça coince: Comme la législation sur les 35 heures est complexe et très difficile à décrypter, les patrons craignent de ne pouvoir répondre aux questions des salariés. Dans les études et offices notariaux de plus de 10 salariés, beaucoup de notaires employeurs ne voient pas, non plus, l’utilité d’un dialogue social avec les représentants du personnel, lorsqu’ils existent. Il y a très souvent des constats de carence, car personne n’a envie d’être montré du doigt par l’employeur. Inutile de dire que les syndicats ne sont généralement pas en odeur de sainteté ; ni les militants ni les salariés qu’ils mandatent. Cette crainte de faire entrer le loup dans la bergerie existe, mais on a aussi vu des patrons reconnaître qu‘avoir en face un salarié mandaté par une organisation syndicale a facilité les choses.
Chaque notaire employeur attend de ses salariés une disponibilité maximale. Fréquemment les congés sont fixés d’autorité : 3 semaines pendant l’été, une autre à NoëI et la dernière.., quand ce sera possible! Dans ce cas le personnel demande de pouvoir répartir autrement ses vacances. « En nous organisant entre nous, expliquent les salariés, nous pourrions partir à d’autres périodes, mais le patron de droit divin ne veut absolument pas en entendre parler.” “Personne ne peut faire le travail de quelqu’un d’autre dans l’étude,” s’entend-on rétorquer. Ainsi à l’approche de l’échéance de janvier 2002, trop de notaires employeurs campent sur leurs positions et évoquent à demi-mot, comme un moyen de pression, la possibilité de ne pas maintenir les salaires... (réf NOTARIAT 2000 Novembre 2001 Mise au Point page 29). Pourtant il faudra bien, à un moment ou à un autre, faire un choix d’organisation.
Pour la Fédération Générale des Clercs et Employés de Notaire FORCE OUVRIERE, ce choix d’organisation doit être impérativement opéré en plein accord avec tous les salariés de l’office, c’est le secret d’un passage aux 35 heures pleinement réussi à la satisfaction générale, patron(s), salariés, syndicat(s) et clients.
Norbert SENTIER
Président